Les livres de Théodore Rousseau
Théodore Rousseau a marqué l’histoire de la peinture de paysage, comme un trait d’union entre le paysage classique et l’esthétique impressionniste. Sortant de l’atelier pour aller peindre devant le motif, il se rend en forêt de Fontainebleau une première fois en 1828, puis y retourne très régulièrement à partir de 1833. Même s’il conservera toujours un atelier à Paris, il s’installe définitivement à Barbizon en 1847. A Barbizon, il a comme voisin Jean-François Millet et Corot vient régulièrement dans la région. Narcisse Diaz de la Peña fait aussi parti de ce cercle qui sera plus tard désigné comme l’école Barbizon. Si le terme d’école est sans doute un peu fort pour désigner ces peintres finalement assez disparates, venus peindre autour de Barbizon, ils réunissent autour de quelques principes communs : la peinture de plein-air et le motif du paysage rendu de manière naturaliste.
Accepté au Salon en début de carrière, il essuie, dans les années 1830-1840, une série de refus, avant de renouer avec le succès à partir de 1848. Il reçoit alors tous les honneurs officiels.
Si Rousseau cherche à rendre la nature avec le plus de vérité possible, ses toiles ne sont pas dépourvues d’accents romantiques par le choix de motifs pittoresques, de la représentation de la force de la nature, rendu notamment par les choix de cadrage.
La source
La bibliothèque de Théodore Rousseau nous est parvenue sous la forme d’un catalogue de vente après décès. Rousseau meurt le 22 décembre 1867 et, conformément à ses dernières volontés, l’ensemble de son atelier est vendu aux enchères. La vente se déroule en six vacations pour la partie Beaux-arts – tableaux, dessins, aquarelles – et trois pour les gravures, livres et médailles. Ces vacations sont précédées d’une exposition pendant laquelle les œuvres sont visibles du public.
La vente se déroule à l’hôtel Drouot, du 25 avril au 2 mai, sous le marteau de Charles Pillet, et Durand-Ruel mène l’expertise, pour la partie Beaux-arts. Surnommé le prince du marteau » ou « le Napoléon des commissaires-priseurs de Paris », Pillet est très renommé et il officie dans la plupart des grandes ventes artistiques. Quant à Durand-Ruel, il connait très bien l’œuvre de Rousseau, à qui il a acheté un très grand nombre d’œuvres, à la fin de sa vie. Ce stock d’œuvres qu’il mettait sur le marché au fur et à mesure lui permis de contrôler la cote de l’artiste pendant de nombreuses années.
Le catalogue de l’ensemble de la vente compte 140 numéros. Il est précédé d’un texte de 22 pages, dans lequel Théophile Sylvestre, son auteur, précise que c’est bien Rousseau, qui dans ses derniers instants, aurait choisi le contenu de la vente, comme une clé pour entre dans l’intimité de son processus créatif et la genèse de ses œuvres.
La vente des livres se déroule le 1er mai, sous l’expertise de M. Clément, marchand d’estampes de la Bibliothèque nationale. Elle comprend 29 numéros. Le dernier, le numéro 72 regroupe une douzaine d’ouvrage qui sont cités sans précisions et une « quantité d’autres ouvrages ». Douze numéros étant également dédoublés, ce catalogue permet de connaître un total de quarante-six ouvrages de la bibliothèque de Rousseau. Hormis le lot 72, les ouvrages sont décrits avec soin, surtout dans leur matérialité
Il existe un tiré à part du catalogue de vente des gravures et des livres. Un exemplaire, annotée d’une main anonyme, est conservé à la BnF et numérisé sur Gallica. Les annotations concernent le prix et l’acheteur des différents lots. Un numéro 68bis a également été ajouté à la main, dont le titre commence par « cabinet d… ».
Des pistes à creuser
S’il fait la transition avec les peintres impressionnistes qui apprécient sa peinture exécutée en extérieur, Rousseau continue de s’inscrire dans une veine classique, ce qui se devine à travers la sélection d’ouvrage passée en vente. La référence à l’Antiquité et à l’Italie y est très présente avec notamment un ouvrage en latin sur la sculpture, et les vestiges antiques, un recueil sur les antiquités et les contes d’Ovide. Et l’Italie moderniste y est représenté par un ouvrage sur les loges de Raphaël et un guide pittoresque de Naples et de la Sicile. Cet intérêt est cependant loin d’être exclusif avec notamment un attrait pour les arts du moyen-âge. Les grands auteurs classiques français sont également représentés : La Fontaine, Corneille, Molière, Racine, Saint-Simon ou Buffon. Les Saint Evangiles et leur histoire complètent cet ensemble qui compte également des auteurs anglais : Walter-Scott et Shakespeare.
Il est cependant difficile de se satisfaire tout à fait de cette liste, que l’on sait tout à fait parcellaire. Des premières recherches aux archives nationales et aux archives de Paris n’ont pas permis de compléter cette ressource. Que les chercheurs spécialistes de l’artiste s’en emparent !
Ouvrages de référence
Rolande et Pierre Miquel, Théodore Rousseau 1812-1867, Paris Somogy, 2010. Cette biographie, la plus récente sur Rousseau, retrace la vie et l'oeuvre de l'artiste. |
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Michel Schulman, avec la collaboration de Maris Bataillès, Théodore Rousseau, Catalogue raisonné de l’œuvre peint, Paris, édition de l'Amateur, 1999. Après, les œuvres graphiques, Michel Schulman, historien de l'art non académique, a réuni le catalogue de l'ensemble des tableaux de Rousseau. |
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L'école de Barbizon : peindre en plain air avant 'impressionnisme, cat. expo. Lyon, musée des Beaux-arts, 22 juin - 9 septembre 2002, Vincent Pomarède (s.d.), Lyon-Paris, MBA et RMN, 2002 Cette exposition, de grande ampleur, a permis de découvrir l'école de Barbizon dans ces différentes facettes et lui donner toute sa place dans l'histoire de la peinture de paysage. |
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La Forêt de Fontainebleau, un atelier grandeur nature, cat expo. Paris, Musée d'Orsay, 6 mars - 13 mai 2007, Paris, RMN, 2007. Cette exposition aborde sensiblement le même sujet que la précédente mais davantage du point de vue du motif et dans une approche géographique. |
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